INTRODUCTION

"peeping me nous renvoie à ce que l’on est, entre innocence et perversion, dans un sens éminemment réflexif : cet effet miroir n’est si troublant que parce qu’il y a une grande rigueur dans le peeping lui-même.
C’est une tension qui est là, entre la curiosité et la pudeur, et qui recouvre nos règles sociales explicites et implicites.
Merleau-Ponty a beaucoup parlé du chiasme qu’il y a entre le visible et le tangible, mais aussi entre le touchant et le touché. Les deux niveaux chaque fois semblent se superposer, s’entrecroisent, mais ils ne se confondent pas.
Avec peeping me, pouvons-nous mieux comprendre la puissance du tangible, du corps touché-touchant en ce qu’il reste obscur, invisible, et donc toujours indiscernable à un certain niveau ? C’est cette indiscernabilité de la sensation physique qui nous frappe, elle a à voir avec l’informe, avec une fluidité du devenir, avec une conscience intérieure qui n’a pas de cadre autre que sa propre réflexivité en laquelle je me suis introduit comme par effraction, par curiosité intime."
Paul-Emmanuel Odin

"Par cette mise en scène de la transgression et son déplacement, les auteurs de peeping me préparent le visiteur à une série de gestes et de comportements, le font entrer dans une dimension peut-être insoupçonnée de sa conduite et de ces impulsions, lui révèlent la dimension aveuglante du fantasme en même temps que la possibilité d’un dépassement. Il y a bien un avant et un après peeping me. Il y a bien un savoir que ceux qui sont passés par peeping me possèdent, et que les autres ne possèdent pas. C’est qu’il y a dans cette boîte un secret, une sorte d’utopie cachée, qu’aucun discours ne peut épuiser. Faire tourner à vide le circuit du visible, dérober le désir au pouvoir du regard et le faire circuler dans le décorum un peu triste de sa fixation fétichiste et marchande, mettre par là-même ce décorum en crise, l’excéder et le renvoyer à sa facticité limitée... Ces fonctions mises en série par peeping me forment le cercle vertueux d’un processus aboutissant à autre chose : la constitution d’un vécu commun, d’une communauté."
Boris Nicot

"Ce n'est pas nouveau la dislocation du regard dans l’histoire de la performance. L’implication de l’autre dans le résultat final de l’objet est même une des récurrences les plus fréquentes. Dans l’encore bref parcours de Paulo Guerreiro cette implication est liée à la volonté d’un parcours commun entre l’observateur et l’observé. Si dans addicted man (Bruxelles, Théâtre de L’l, 2005) il cherchait à s’inscrire dans le monde qu’il observait, dans peeping me il travaille et applique une dimension particulière à cet acte d’observer: le voyeurisme. Le corps du performer et celui du spectateur partagent le même devenir – fétiche, sans qu’on sache qui observe qui. C’est, pour cela, une expérience commune qui dépend intimement d’une volonté d’être provoqué/de provoquer. C’est une expérience individuelle sur laquelle on ne peut rien dire, à part demander une disponibilité physique et sensorielle. Sont en cause des questions comme l’intimité, la limite (du corps, de la représentation, de l’espace) et la manipulation des sens. Pour comprendre sur quels mécanismes s’inscrit un possible discours chorégraphique, il décharne le processus de création, il l’empaquette littéralement entre quatre murs et attend que les gens viennent à sa rencontre. C’est, hardiment, un défi. Qui est prêt pour jouer?"
Tiago Bartolomeu Costa 


PEEPING ME

Conception et performance 

Paulo Guerreiro

Conception et scénographie
Marion Abeille

Régie générale
Lucie Delorme

Création sonore
Fouad Bouchoucha

Création . Marseille, juin 2006 – ateliers: Lézarap’art.

Remerciements . Ballet National de Marseille . Ballet Preljocaj . Caroline Dumont . ESBAM . Fabienne Rouet . France Nicolas . Guillaume Fayard . Halory . La Compagnie . Lézarap’art . Last cie . Lou Colombani . Michel Pellegrino . N€gócio-zdb . Ophélie Koch . Pierre Thys . Pipo Tafel . Severine Saby . Tiago Bartolomeu Costa